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"Tous les ans, je sensibilise et forme environ mille personnes à Vigie-Nature"

Sciences participatives

 

Depuis 5 ans, Nathalie Devezeaux anime avec la même passion le programme Vigie-Nature auprès de la population de l’ex région Nord-Pas-de-Calais. Cette dynamique trentenaire nous fait découvrir au détour d’une virée dans la France septentrionale, son activité et sa région. Retour sur une méthode peu courante dans les sciences participatives mais qui s’avère payante.

Par Guillaume Marchand

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Sur quelle structure repose Vigie-Nature dans le Nord et le Pas-de-Calais ?

Vigie-Nature est présent dans ces départements par l’intermédiaire du Conservatoire d’espaces naturels Nord - Pas-de-Calais. Cette association de gestion du patrimoine naturel a pour but de protéger les sites naturels du territoire soit plus d'une centaine de sites. Il est co-fondateur avec le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) de l'observatoire naturaliste Steli (Suivi Temporel des Libellules). Il a testé cet observatoire en 2011 sur le Nord - Pas-de-Calais avant qu'il soit déployé sur l'ensemble du territoire métropolitain en 2012. Dans cette dynamique, un poste d'animateur du programme Vigie-Nature pour le grand public s'est créé en février 2012.

Au sein du Conservatoire, je suis rattachée au pôle valorisation en tant que coordinatrice du programme Vigie-Nature. Mon travail consiste à faire connaître Vigie-Nature et les observatoires grand public, car beaucoup de citoyens ignorent l'existence de cette science participative. Et lorsque qu'ils connaissent, ils pensent qu'ils n’ont pas assez de compétences naturalistes pour y participer. Alors qu’ils en ont besoin d’aucune !  Je prends donc le temps d’aller à leur contact pour leur montrer la simplicité des protocoles et l’utilité de leurs données auprès des scientifiques du MNHN. Je les forme directement sur le terrain à la reconnaissance des oiseaux, des insectes pollinisateurs, des escargots etc. afin qu'ils deviennent des futurs observateurs, et ainsi acteurs de la conservation et de la recherche.

 Je leur explique également qu’il suffit de peu d’aménagements pour protéger les espèces de leur jardin, tel que des mangeoires, des nichoirs ou des prairies fleuries. Outre les animations grand public, je forme également des animateurs de communes et d’associations aux protocoles, ou encore des professeurs au programme Vigie-Nature École. Ces formations permettent d’instaurer des relais durables sur le territoire. En une année, je rencontre, sensibilise et forme environ mille personnes !

Il y a un contexte environnemental particulier dans cette région ?

L'ancienne région Nord - Pas-de-Calais a un passé fortement lié à l’agriculture. Près de 75% des terres sont exploitées (cultures, prairies et plantations d'arbres). Ce territoire est également très peuplé, avec plus de 4 millions d’habitants. Les espaces urbanisés représentent 17% de la superficie du territoire. Résultat : entre agriculture intensive et zones urbanisées, la biodiversité a du mal à trouver sa place. Seulement 10 % du territoire est dévolu aux espaces naturels. Heureusement, un grand nombre d'associations naturalistes sensibilisent la population. Grâce à elles, les habitants commencent à prendre conscience de la problématique bien qu’ils restent, en partie, coupés de la nature. 

Quels programmes Vigie-Nature animez-vous au Conservatoire des Espaces Naturels ?

Le Conservatoire d'espaces naturels Nord - Pas-de-Calais anime actuellement 5 observatoires Vigie-Nature : Oiseaux des Jardins, Spipoll (Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs), Opération Escargots, Opération Papillons et Sauvage de ma Rue.

Je réalise des animations de 2 à 4 heures par observatoire. Je présente d'abord les généralités du groupe étudié (Qu'est-ce qu'un oiseau ? À quoi servent les escargots ? Pourquoi protéger les abeilles sauvages ?). Je fais ensuite un focus sur le protocole qui nous intéresse. Dans un second temps, j’apprends aux participants à reconnaître les espèces sur le terrain et leur indique les critères faciles à identifier comme distinguer les abeilles des syrphes ou encore connaître le régime alimentaire de l'oiseau grâce à son bec. Ils observent, posent des questions, et identifient par eux-mêmes les espèces présentes grâce aux outils transmis (fiches, clés d'identification, …). Une fois la partie terrain terminée, nous rejoignons une salle dans laquelle je présente le programme Vigie-Nature, les observatoires et les résultats scientifiques. Suite à cette présentation, nous intégrons, lorsque cela est possible, nos observations sur le site internet dédié à l’observatoire. Après, c'est à eux de jouer !

Pour faire vivre le programme Vigie-Nature et maintenir le lien avec les participants, je m’appuie sur des outils de communications comme ma newsletter Ch’ti-Vigie et ma page Facebook. Je leur transmets le plus régulièrement possible des résultats scientifiques qui découlent de leurs observations et je les remercie pour leur précieuse contribution ! Mon poste est unique en France. J'ai la chance d'être en contact à la fois avec les scientifiques du MNHN, les relais locaux et les participants eux-mêmes. Je peux ainsi faire le lien entre les différents mondes et suivre au plus près les besoins de chacun. C'est très enrichissant et passionnant.

Quel observatoire préfères-tu animer ?

« Oiseaux des jardins ». Il est simple et il plaît beaucoup au grand public car tout le monde connait les oiseaux, même si ce n'est que le Pigeon domestique du coin de la rue. Lors de mes animations, les participants sont très demandeurs d’informations : "Quelles sont les espèces d'oiseaux qui viennent chez moi ?" ou "Comment installer mon nichoir dans mon jardin ?".

Le Nord - Pas-de-Calais compte de grands contributeurs à Oiseaux des jardins, je les appelle les « super-contributeurs ». À titre d’exemple, il y a Robin qui a compté en une année 28 000 oiseaux, ou encore Éric, il a observé plus de 16 000 oiseaux l'année passée. Ces chiffres sont monstrueux ! Il faut beaucoup de temps d’observations pour obtenir de tels résultats (l’article sur le super-contributeur Éric ici). C’est d’ailleurs grâce à des animations, comme celles que je réalise qu’ils ont découvert cet observatoire. Ils n’y connaissaient rien au début mais maintenant ils sont capables de reconnaître tous les oiseaux proposés par l'observatoire, et même plus. Les sciences participatives peuvent rendre accro !

 

 

Guillaume Marchand

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